Chapitre X - Albert Ulysse MURET (1867-1930)

Jeunesse d’Albert Ulysse MURET (1867)

Le 8 juin 1867, Auguste Ferdinand MURET, 37 ans, propriétaire cultivateur, se présente devant Tite Marius DURIEU, maire de Camaret[1]. Il vient déclarer que le 6 juin, à 2h du matin, sa femme Adélaïde LEBRUN, âgée de 26 ans, sans profession, a accouché dans son habitation située sur le chemin de Sérignan (à l’ouest des remparts de la ville). Il s’agit d’un enfant masculin qu’ils souhaitent appeler : Albert Ulysse MURET !

Lorsqu’il aura 5 ans, il aura un petit frère nommé Arsène Edmond MURET[2] avec qui il restera très proche toute sa vie. Ils grandiront dans cette grande maison du quartier de la Garde, les premières années, avec leurs cousins Eli, Martial, Raoul et Victoria. Cette propriété est une petite propriété avec un étage et grenier sur rez-de-chaussée, une écurie, un entrepôt avec un grenier à foin, un puits, une cave à vins, des clapiers à lapins[3] … le tout sur un grand jardin donnant sur une prairie leur appartenant avec des arbres fruitiers[4] et des bosquets. Un bel environnement pour que les enfants puissent s’épanouir ! A l’âge de 9 ans (1876), Albert Ulysse et la famille déménageront dans le bourg de Vaison-la-Romaine[5], sans jardin, environnement beaucoup plus triste ; mais vers l’âge de 14 ans (1881), elle redéménagera dans une maison avec jardin dans le quartier de l’Ouvèze[6].

Départ en Algérie (1885) et vie à Ténira (1885-1892)

En 1885, accompagné de son frère et de ses parents, Albert Ulysse MURET, âgé de 18 ans, arrive en Algérie, à Ténira où ils vivront sur leur propriété de 30 hectares. Albert Ulysse aidera son père et travaillera sur la propriété comme employé cultivateur jusqu’à la fin de l’année 1892. A noter qu’à l’âge de 20 ans, il a été exempté du service militaire[7] ayant pioché au tirage au sort du canton, un numéro « élevé », ce qui le dispensait obligatoirement de ce service.

Départ pour Sidi-Bel-Abbès (1892-1894) puis St-Lucien (1894-1897)

En 1892, âgé de 25 ans, Albert Ulysse MURET quitte la ville rurale de Ténira pour Sidi‑Bel‑Abbès. Il y rencontre là-bas, début 1893, une domestique espagnole de 20 ans, Maria PASTOR, à qui il fera un fils. Non mariés, ce fils illégitime naîtra : Alfred PASTOR. Quelques mois plus tard, début 1894, Albert Ulysse MURET déclarera en être le père. La petite famille rejoindra les parents Auguste Ferdinand MURET et Adélaïde LEBRUN, tout juste propriétaire d’une terre à Saint-Lucien. Etrangement, le couple franco-ibérique ne se mariera pas. Albert Ulysse MURET, bien qu’aidant son père à la plantation des vignes sur ce nouveau terrain, trouve un poste de secrétaire à la mairie de Saint-Lucien. Son père Auguste MURET, décède l’année suivante en 1895 ; Albert Ulysse, très attaché à sa famille restera très proche de sa mère et restera sur Saint-Lucien jusque fin 1896[8], où on le retrouvera témoin à un mariage juif.

Sur cette période, son frère Arsène Edmond MURET, homme châtain aux yeux marrons, jeune télégraphiste, apte au service militaire est incorporé au 9ème Régiment de Zouaves[9]. Il prend congé en octobre 1894 et retourne à Saint-Lucien avec ses parents.      

Départ pour Oran (1897) et demande de concession sur Descartes (1898)

A l’âge de 30 ans, Albert s’installe seul au 2, rue St-Michel à Oran où il reprend le métier de cultivateur. Il souhaite rapidement obtenir une concession qui lui soit propre puisque le 16 octobre 1898, il effectue une demande pour s’installer sur le territoire de Descartes éventuellement avec sa mère Adelaïde[10]. Il déclarera à cette occasion des ressources pécuniaires s’élevant à 5000 francs, ainsi que 1500 francs de matériel agricole. Le maire le dit de moralité « Excellente » et jouissant « d’une bonne réputation ». Il énumère les propriétés familiales : 12000 francs pour la maison familiale de Camaret, 15000 francs pour les terres de Ténira et 1200 francs pour les vignes de Saint-Lucien. A la suite de l’enquête préliminaire, le maire « estime que le S(ieu)r Muret Albert est dans les conditions du décret du 30 septembre 1878 et que sa demande doit être accueillie favorablement ». Sans nouvelle positive, mais motivé, Albert réitère sa demande d’attribution d’une concession dans le centre de Descartes ou au pire dans un autre lieu « appelé à un avenir prospère et où [il] pourr[a se] livrer à la culture de la vigne ». Il n’aura pas de réponse favorable à cette demande ! Sa mère Adélaïde LEBRUN et son frère Arsène Edmond MURET semblent le rejoindre et ainsi déménager sur Oran. Les vignes de Saint-Lucien sont laissées en location à des cultivateurs algériens.

Le 18 octobre 1898, Josefa MELLADO, 23 ans, domestique espagnole de Murcie et domiciliée dans la rue de la Vieille Casbah à Oran, accouche à l’hôpital civil[11]. Il s’agit d’un garçon qu’elle sait des œuvres d’Albert Ulysse MURET, 31 ans ; elle le nommera Albert Edgard MELLADO. Ce fils ne sera reconnu par son père qu’à ses 18 ans et semble-t-il, sur décision du Tribunal Civil de Constantine ; Albert Ulysse ne l’élèvera pas et laissera cette femme seule pour le faire.

Départ pour Constantine (1899) et mariage avec Constance PHILIPPE (1901)

En juillet 1899, Albert Ulysse MURET s’installe à Constantine, il débute un nouveau travail et prend la gestion de la compagnie Singer. En 1900, il rencontre Constance PHILIPPE, 16 ans, née à Constantine et d’origine franco-maltaise et il l’épouse le 22 mai 1901[12]. Le mariage a lieu dans la grande Salle des mariages de Constantine, à 16h15, Albert Ulysse a 33 ans et Constance 17 ans. Pour l’occasion, Adélaïde LEBRUN est venue avec Arsène Edmond MURET d’Oran pour assister à la cérémonie. Arsène Edmond MURET, son frère, 28 ans et actuellement voyageur de commerce, sera son premier témoin ; Paul ZAHRA, beau-frère de Constance, Antoine LECA et François MAYEUX amis du couple seront les trois autres témoins. Curieusement, la mère d’Albert Ulysse glissera subrepticement un petit cœur dans sa signature au bas de l’acte de mariage de son premier fils. Arsène Edmond MURET, lui, semble avoir rencontré sa future femme lors du mariage d’Albert Ulysse car, bien que résidant à Oran, il se marie à Constantine le 2 octobre 1901 à Marguerite Marie Catherine PISANI, 21 ans également d’origine maltaise[13]. Albert Ulysse est leur témoin ! Adélaïde LEBRUN, leur mère, viendra donc également s’installer sur Constantine.



En 1902, les deux frères ont chacun un premier fils : Albert Ulysse MURET le nommera Maurice Auguste Sixte Justin MURET[14] en référence à François Louis Maurice MURET, son oncle négociant en faïence et cristaux décédé à Londres, à Auguste Ferdinand MURET, son père, à Sixte LUIGGI, parrain et à Justine MURET, la tante religieuse carmélite de Carpentras ; Arsène Edmond MURET le nommera Albert Auguste François MURET[15] en référence à son frère et parrain de l’enfant, son père et son grand-père.

Demande de concession à Bernelle (1902)

Quelques jours après la naissance de son fils, le 16 octobre 1902, Albert Ulysse MURET envoie à Jean-Baptiste Marie PLANTIE, Préfet de Constantine, une demande de concession territoriale gratuite dans le centre de population de Bernelle. Ce centre tout récemment ouvert au peuplement est situé à 2h au sud de Constantine, sur une plaine enclavée entre deux montagnes du massif du Belezma, le mont Tissoures et le mont Mestaoua. Cette terre est très fertile, les eaux dévalent les montagnes et irriguent les terres, de nombreux cèdres centenaires et figuiers y poussent également. Albert Ulysse MURET décrit ses biens immobiliers qui sont toujours les propriétés de Ténira, Saint‑Lucien et Camaret ainsi que ses biens matériels : 1 charrue à une bête, 1 charrue à 2 bêtes et 1 défonceuse (charrue très robuste) à 10 bêtes. Dans le cas, où il n’y aurait plus de disponibilité, il propose également le centre de population de Corneille, qui est un village voisin de Bernelle. L’une de ses relations issues de Camaret, Auguste Alexandre Guillaume AUTRAND[16], actuellement secrétaire général de la Seine, chevalier de la Légion d’Honneur (en photo ci-dessous), appuie également le dossier d’Albert Ulysse MURET auprès du Préfet de Constantine. Le Maire de Constantine y est également très favorable, Albert Ulysse « remplit toutes les conditions désirables pour faire un excellent colon ». Malgré une relance de M. AUTRAND en 1903, toutes les concessions ont été attribuées depuis octobre 1902 et malgré la demande acceptée, Albert Ulysse n’en obtiendra pas.

 


Travail et vie de famille à Constantine (1903-1912)

Désespéré par ses demandes de concession infructueuses, Albert Ulysse MURET fait une pause dans ses demandes. Il se concentre sur la gestion de la compagnie Singer qu’il gère depuis Constantine. Il loue un local qui sert de magasin où il vend des machines à coudre Singer mais également de marques concurrentes comme Gritzner ; les clients peuvent même demander des cours gratuits pour apprendre à les utiliser lors de leur achat. Albert Ulysse MURET propose également les machines à la location et propose un service de réparation des machines défectueuses.

La famille MURET déménagera très souvent dans la ville. On le retrouve en 1902, au 43, rue Robault de Fleury ; même année, dans la nouvelle rue Dar-el-Rey ; en 1904, au faubourg d’El Khantara, maison Medroni ; en 1908, au 4, rue Dar-el-Rey ; en 1912, au 17, rue de France. Entre-temps, il aura eu 2 autres fils : Pierre Arsène Jules MURET le 18 mars 1904 et Edmond Constant Albert MURET le 17 avril 1908.

Demandes multiples de concession (1912)

En 1912, Albert Ulysse MURET se relance dans ses demandes de concessions car il se « sent de nouveau attiré (et) reconnait que c’est encore dans (l’agriculture) où l’on jouit de plus de liberté et où il est possible d’élever assez facilement sa famille et créer une situation à (ses) 3 garçons ». Le 3 février, il sollicite donc le Gouverneur Général de lui attribuer une concession gratuite dans les centres de population d’Oued-Chaba ou de Foum-Toub ou de Auchir-Saïd ou d’Ouled-Zouaï ou de Zenatia ! Toutes ces villes se trouvent dans un rayon de 50km autour de Batna et prendront des noms francisés tels que les communes de Victor-Duruy ou Les Lacs. Elles restent dans le secteur de la demande de concession précédente de Bernelle / Corneille, terres fertiles au pied de l’Atlas. Cette fois, Albert Ulysse MURET obtient des recommandations de M. Emile MORINAUD, Maire de Constantine, délégué financier, de M. Paul CUTTOLI, Député du département de Constantine et à nouveau de M. Auguste AUTRAND, devenu alors Préfet de Seine-et-Oise. Malheureusement, en mars, on apprend par le Préfet de Constantine qu’il n’y a plus aucun terrain gratuit disponible et qu’ils se font rares.

Le 17 avril 1912, Albert Ulysse MURET précise au Préfet qu’il souhaitait avoir gratuitement des terres normalement vendues à bureau ouvert, une dérogation donc, et il donne les exemples de M. JEANTET d’Aïm Kerma qui a obtenu de cette façon des terres à El Milia ou encore de M. ROSSI de Sétif qui en a obtenu à Ras el Aïoun. Albert Ulysse sera ravi, le Préfet le reçoit mais lui demande de se présenter à la prochaine vente à bureau ouvert : il faut payer et comme son dossier avait été accepté pour Bernelle, il ne le veut pas ! En novembre, il obtient tout de même un avis favorable du Maire « Avis très favorable, M. MURET mérite toute la bienveillance de l’administration » ainsi que celle du Préfet si une concession se libère dans le centre de population de Foum‑Toub « Avis très favorable, M. MURET réunit toutes les conditions voulues pour obtenir la faveur qu’il sollicite » : la raison ? Il a 5000 francs de capital à investir en espèces ! Tout semble sur le bon chemin, il fait même acte de soumission et s’engage à exploiter et résider avec sa famille sur sa concession pendant 10 ans !

Les débuts à Bekkaria (1912-1914)

Fin novembre, le Préfet annonce à Albert Ulysse MURET qu’il lui a trouvé un centre de population à peupler : Bekkaria ! Loin de tout, à plus de 200km au sud-est de Constantine, à la frontière du Sahara et de la Tunisie. Il s’agit d’un petit village rural dont les terres sont louées aux tribus indigènes (Awlad Sidi Abid, Drid tunisien, Zghalma) situé au pied du mont Edough. Albert Ulysse s’empresse d’aller analyser le village et demande qu’on lui attribue l’ex‑concession de M. PETIT composée d’un terrain à bâtir (n°41), d’un jardin (n°41) et de cultures (n°69 et 136). « Si je me permets de vous signaler cette préférence c’est que les lots à bâtir et de jardin ont une situation particulière qui me permettra d’édifier une grande construction en vue de l’exploitation d’un commerce et m’occuper d’une culture spéciale ». Malheureusement, l’attribution se fait par tirage au sort et il aura un terrain à bâtir (n°8) de 8 ares et 3 terrains de culture (n°11, 98 et 120) de 90 ares, 15 hectares et 26 ares et 61 hectares et 49 ares soit presque 78 hectares de terrain !

Albert Ulysse MURET, ne semblant jamais vraiment satisfait, a visité ses nouvelles terres et souhaite échanger ses lots n°8 et 11 contre les lots n°21 et 22 car « les lots […] ne pourraient pas, en raison de leur situation, (lui) servir pour ce à quoi (il) pensait les destiner ». En effet, le terrain à bâtir est au sud-est du village, le jardin est à 800 m à l’ouest du village, le premier terrain de culture est à 1,6km à l’ouest du village et le dernier à 2,4km au nord du village. Le 14 janvier 1913, Charles LUTAUD, Gouverneur Général de l’Algérie[17] (en photo ci-dessous) autorise l’échange demandé.


Albert Ulysse MURET possède donc d’après le procès-verbal du topographe : le terrain à bâtir n°22, situé au nord et en face de la place publique du village, emplacement très bien situé ; le jardin n°21 est de terre de très bonne qualité avec quelques arbres fruitiers situé à 300m de l’entrée du village sur la route de Tébessa à Bekkaria et bordé par un canal d’irrigation ; les terrains de culture n°98 et n°120 sont constitués de terre de culture, de pâture et de broussailles, le tout de médiocre qualité, le 1er situé sur la route de Tébessa à Bekkaria et le 2nd sur la route de Bekkaria à Aïn-Sedjra. Valeur immobilière de la concession de 78 hectares : 3500 francs. Il reçoit enfin les titres de concession provisoires le 8 mai 1913.

Sur cette propriété, Albert Ulysse MURET compte y construire un commerce, une pépinière de plants américains et faire de la culture maraîchère. Les plants américains dont il est question ici, sont des pieds de vigne américains. Les raisons de ce choix ? Albert Ulysse MURET connaît très bien la viticulture de par ses vignes de Saint-Lucien et sait que depuis quelques années, le Phylloxera, minuscule puceron qui s’attaque aux racines des ceps, a fait des ravages sur la vigne française. Ces pieds de vigne américains ont la capacité de résister à ce parasite et pour sauver les cépages français fortement recherchés, ils sont utilisés comme porte-greffe de notre patrimoine viticole. C’est ce que compte mettre en place Albert Ulysse, ce qu’il appelait mystérieusement : sa « culture spéciale ».

 



Déménagement d’Adélaïde LEBRUN à Bekkaria (1914)

En janvier 1914, Adélaïde LEBRUN, sa mère qui l’a suivi à chacun de ses déplacements fait une demande pour qu’un particulier lui vende 2 terrains au centre de population de Bekkaria. Un lot à bâtir (n°21) et un lot de jardin (n°38) où elle a « l’intention d’aller (se) fixer pour monter un commerce et (s)’occuper de jardinage et autre culture ». Pour le moment, elle vit à Constantine, cité Bellevue, boulevard Pasteur. L’administrateur de la commune mixte de Morsott souhaite qu’une suite favorable soit donnée à cette demande et le Préfet autorise l’achat des parcelles. Elle acquerra donc ces terrains pour 172 francs et souhaite y construire une épicerie-mercerie et cultiver des légumes.

Construction d’une maison (1914)

Avant 1914, Albert Ulysse MURET et sa famille loue une partie de maison dans le centre de Bekkaria chez Antoine ARTILY. Le 9 juin 1914, Albert Ulysse MURET fait, devant Maître Raphaël ASSOUN, notaire à Constantine, un emprunt d’argent de 6000 francs à Ruben TOUBIANA, instituteur en retraite de Constantine. Il s’engage à rembourser son rentier sous 5 ans et met en hypothèque ses terres de Bekkaria. On y apprend qu’il a déjà fait construire par Adrien MERCIER, entrepreneur de travaux à Tébessa, une maison d’habitation et d’exploitation de plein pied comprenant 2 pièces et une cuisine ainsi qu’une baraque à usage d’écurie et d’autres dépendances. Cet emprunt permettra de régler les dettes contractées à cause des travaux de construction consistant en : travaux de terrassement pour fouille, maçonnerie en fondation, maçonnerie en élévation, cloisons en briques, enduits intérieurs et extérieurs, carrelage en carreaux d’Aubagne, plafond de plâtre, murette, toiture en tuiles de France, charpente, fourneau avec évier, cheminée en marbre, seuil en fer ouvragé, travaux de menuiserie et vitrerie. La baraque est en bois couverte de tuiles de France. Adrien MERCIER s’est également chargé de défricher 45 hectares de terrain, d’extraire et ramasser les pierres et de planter 1500 pieds de vignes. Catastrophe, toute sa plantation fût « ravagée par les sauterelles ou brûlée par le sirocco » !

La vie par intermittences à Bekkaria (1915-1916)

Les titres provisoires des concessions de Bekkaria d’Albert Ulysse MURET pourront devenir titres définitifs après 10 ans de résidence sur la commune et après avoir fait les travaux nécessaires à l’amélioration des lots acquits. Ceci implique qu’Albert Ulysse et sa famille restent à Bekkaria et leurs déplacements sont donc surveillés. Malheureusement, la concession apporte son lot de problèmes : « les concessionnaires de Bekkaria se trouvent dans une situation très difficile. La colonisation sur ce territoire ne donnera jamais des résultats satisfaisants. Il y pleut rarement, les orages de grêle sont très fréquents et on ne peut compter sur plus d’une récolte ». De plus, même les arbres ne poussent pas, la sécheresse sévit ! « Les colons sont donc obligés d’aller ailleurs chercher leurs moyens de subsistance ». Le 3 juin 1915, on apprend donc qu’Albert Ulysse et sa famille sont partis quelques temps à Khenchela à 120 km. Albert Ulysse a ensuite été engagé comme facteur receveur intérimaire à Bekkaria pendant 1 an. Le 11 décembre 1916, Albert Ulysse n’est plus sur Bekkaria depuis août et a disparu. Le commissaire chef de la sûreté départementale est chargé d’aller voir à la Cité Bellevue de Constantine, appartement d’Adélaïde LEBRUN, sa mère, s’il s’y trouve.  L’enquête montre que la famille est revenue s’installer dans cet appartement, toute la famille a attrapé le paludisme. Albert Ulysse, lui, est revenu travailler au sein de la compagnie Singer : il est commercial et est actuellement en déplacement professionnel à Bordj-Bou-Arréridj (à mi‑distance entre Alger et Constantine). On apprend également que le 20 décembre, il se rendra à Alger et que la famille l’y rejoindra pour les fêtes de Noël. La déchéance de la concession le menace et le Préfet le rappelle à l’ordre !

Procédures contre Albert Ulysse MURET (1917-1919)

En 1917, Le Gouverneur Général de l’Algérie, alerté par M. TERTIAN, conservateur des hypothèques, demande à ce que les terres de la concession d’Albert Ulysse MURET soient mises en vente aux enchères publiques pour défaut de paiement à son créancier. Le Préfet relaie la demande mais le maire de Constantine fait tampon pour protéger Albert Ulysse MURET et demande d’ajourner « la vente de sa concession car d’ici peu il compte pouvoir se libérer. Nous sommes en temps de guerre et l’on ne peut raisonnablement refuser un dernier délai, il me semble, à M. MURET ». M. TERTIAN s’insurge ! « Il me semble que votre bureau ne se soucie guère de donner une suite convenable à cette affaire. Si j’en crois ce qui se dit, il paraîtrait que le sieur MURET escompte l’amitié de quelque personne influente pour faire retarder la mise en vente de sa concession, (…) depuis l’année 1916 (il) ne paie ni intérêts ni capital et m’a déclaré formellement qu’il ne paierait point. Dans (ces) conditions, j’ai l’honneur de venir vous prier de bien vouloir (…) mettre un terme au défit que ce dernier semble lancer contre les autorités ». S’ajoutera à ses demandes, une réclamation de la Caisse Agricole de Bekkaria faisant savoir qu’Albert Ulysse MURET leur doit également 800 francs. Malheureusement, aux vues de toutes ces pièces, en juillet 1918, le Gouverneur Général de l’Algérie n’a pas le choix que d’autoriser la vente. Aussitôt, la concession est expertisée par M. MILLAT, topographe, à la somme de 13600 francs et la vente publique est fixée au 5 mars 1919 à 14h à Tébessa : mise à prix : 10000 francs. Catastrophe, personne n’en voudra ! Le Directeur des domaines propose donc une baisse de la mise à prix à 7500 francs qui sera acceptée : vente publique fixée au 21 mai 1919 à Tébessa ! Même au rabais, personne ne se manifestera. Albert Ulysse MURET laisse faire et l’administration qui doit normalement le déchoir de sa concession l’oublie pendant quelques années : pour cause, M. TERTIAN est mort, et sa famille se désintéresse de cette affaire !

Décès d’Adélaïde LEBRUN, sa mère (1918), Vie à Bougie (1918-1924)

Le 7 mars 1918, Adélaïde LEBRUN décède à Oran. Il semblerait qu’elle ait aussi fui ses terres de Bekkaria. Albert Ulysse MURET est maintenant fondé de pouvoir de la maison Henri FERRANDO, à Bougie ; quelques-unes de ses fonctions dans cette société ayant diverses activités : agent immobilier[18] et vendeur de voiture[19] ! En 1919, Arsène Edmond MURET, son frère, délaisse sa part d’héritage sur les terres de Bekkaria qu’il délaisse à Albert Ulysse. Après tous ces déboires, le voilà encore plus propriétaire à Bekkaria que jamais, sur cette terre si inhospitalière !

Cette même année, les frères, Albert Ulysse et Arsène Edmond MURET vendent leur dernière propriété en France[20],[21] : leur maison d’enfance de Camaret. Cette vente se fait par adjudication volontaire, c’est-à-dire, la mise aux enchères de la maison. Albert Ulysse MURET, de passage à Alger, fait acte de procuration devant Maître Alfred Armand Maurice GAUDIBERT qui est une connaissance de Camaret-sur-Aigues, lui aussi venu s’installer en Algérie. Arsène Edmond MURET, de passage à Camaret donne sa procuration à Maître Joseph DUNAN[22]. La procuration des deux frères est donnée à Paul TASSIS qui gère la vente de la maison et du terrain de 60 ares situé aujourd’hui au 6, rue Jean Henri FABRE. Gustave AURIC, boulanger, le locataire de la maison sera aussi son acheteur pour 13000 francs sans autre enchère après l’extinction de 2 bougies. Il règle 6600 francs aux deux frères et 6400 francs à Auguste SIFFREIN dit BESSAC, de Violès pour remboursement d’un prêt et intérêts que leur père avait faits depuis 1866[23]. Ce remboursement est forcé, la somme a été exigée par la justice en 1901 et la maison était hypothéquée depuis plusieurs années[24].

En 1921, Albert Ulysse MURET reçoit une énième mise en demeure car il ne vit pas sur sa concession. Il finit par promettre de s’y installer dans l’année mais envoie sa famille sur Bekkaria à sa place car il travaille toujours pour la maison Henri FERRANDO. En 1922, nouvelle mise en demeure ; il demande cette fois un sursis car il ne peut pas s’y rendre. Pour calmer l’administration, sa famille reste sur place et il fait des dépenses sur ses terres. Il obtient un premier sursis jusqu’au 1er octobre 1922, un autre sursis jusqu’au 31 décembre 1923 et un dernier sursis avant déchéance jusqu’au 31 août 1924 !

Petite parenthèse concernant Arsène Edmond, le frère (1918-1922)

Arsène Edmond MURET, le frère, qui était marié à Marguerite Marie Catherine PISANI depuis 1901, divorce le 26 septembre 1918 à Constantine. Il exerçait la profession de voyageur de commerce depuis plusieurs années et semble s’être spécialisé dans le commerce de produits chimiques et œnologiques. On le retrouve négociant sur Paris, au 53, rue de Pigalle en 1922. Il y rencontre Marie Madeleine Joséphine Henriette SEGUIN avec qui il se marie le 17 juillet 1922, dans le 17ème arrondissement[25]. Ils se marient sous le régime de la séparation des biens d’après leur contrat de mariage du 12 juillet passé devant Maître Albert GIRARDIN[26]. Elle y déclarera posséder 1000 francs d’habits et 10000 francs de biens mobiliers dont un piano. Ils finiront par se séparer officieusement et on apprendra que Marie Madeleine Joséphine Henriette SEGUIN s’est retrouvé dans de mauvaises affaires de la capitale[27] : en 1914, elle « fréquentait sous des pseudonymes divers "Delmont", "Syrgam" de discrètes maisons de rendez-vous » ; en 1922, « dans des maisons analogues sous le nom de "Serval" ce qui ne l’empêche pas de se dire artiste-lyrique et de se vanter de ses succès de cantatrice » ; quelques années plus tard, elle poste même des petites annonces dans le périodique "Le Sourire" :   « Allo, Allo ! Jasmin 01.-80 ; ses relations ; Tout Paris en son hôtel particulier »[28]. "Le Sourire" est un journal humoristique à clientèle masculine raffolant des dessins représentant des femmes en pose aguichante et tenue légère – le journal parfait pour trouver des clients – ; en 1933, la Direction des Renseignements Généraux signale « qu’une école cinématographique, dite "Hollywood Studio", 96, Rue du Ranelagh, dirigée par une dame MURET, aurait surtout pour but d’encourager à la débauche les jeunes filles élèves de cette "école" ». Une visite chez elle de la Brigade Mondaine à « permit de surprendre deux couples engagés dans un tendre entretien et qui n’allait pas manquer de devenir passionné » ; en 1933, elle a également escroqué 15000 francs à Yvonne CONART. Le 13 juin 1935, on apprend dans les journaux qu’elle a été arrêtée car elle « faisait l'objet de deux mandats du parquet de la Seine, et elle était encore recherchée pour deux jugements prononcés contre elle par défaut, la condamnant chacun à deux années d'emprisonnement »[29] « cette astucieuse personne pratiquait l’escroquerie au cautionnement par le moyen d’annonces dans lesquelles elle offrait des places de gérant de pension de famille. Après avoir soutiré (…) 20000 à 30000 francs, Mme MURET disparaissait et l’on n’entendait plus jamais reparler d’elle »[30]. Elle sera enfermée dans la prison de la Petite Roquette à Paris[31]. De son côté, Arsène Edmond MURET est devenu courtier en denrées alimentaires. Il semble faire faillite en 1925[32]. Lui et son fils Albert Auguste François MURET vivent en 1926 à Paris. Restant très proche de l’Afrique du Nord, il reviendra s’installer et finir sa vie en Tunisie.

Retour à Bekkaria (1924-1926)

En juillet 1924, Albert Ulysse MURET quitte enfin Bougie pour Bekkaria où il rejoint sa famille, il n’a plus le choix. Quelques mois plus tard, après toutes ces mésaventures administratives, il demande à échanger le jardin qu’il a hérité de sa mère (n°38) avec un autre jardin (n°29) accolé au sien : cette fois-ci, ses projets ont changés : « Les récoltes en céréales manquant très souvent à Bekkaria, mon intention serait de m’adonner à la culture en grand du jardinage et créer une petite luzernière, ce qui m’est à peu près impossible actuellement à cause de l’éloignement de mes 2 jardins l’un de l’autre, d’où surveillance presqu’impossible, plus onéreuse et travail difficile ; tandis que si mes 2 jardins étaient contigus, la surveillance serait facile, mes tours d’eau se suivraient ce qui m’avantagerais énormément dans mes travaux de jardins. (…) ce qui me permettra (de) pouvoir vivre et élever ma famille à Bekkaria où actuellement la situation est très critique ». Il compte également acheter un cheptel de moutons pour faire de l’élevage car la culture y est compliquée. On remarquera d’ailleurs qu’en 1924, Albert Ulysse MURET est Adjoint Spécial à Bekkaria et il semble l’être jusqu’à son décès.

Sur cette période, ses 3 fils légitimes ont quitté Bekkaria. Maurice Auguste Sixte Justin MURET[33] est tombé amoureux de la fille du voisin Fernande Pauline DUBART et se marie en 1925 à Saint-Maurice dans le Val-de-Marne[34]. Pierre Arsène Edmond MURET est parti vivre au Maroc[35]. Edmond Constant Albert MURET est parti vivre sur Paris[36]. Pour information concernant ces 2 fils illégitimes : Alfred MURET, notre ancêtre, est décédé depuis 8 ans à Casablanca et Albert Edgard MURET est parti se marier avec Jeanne Clémentine MOINE à Saint-Denis[37] en France.

Albert Ulysse MURET demande un affranchissement de résidence obligatoire sur ses terres car pour le moment, il a beaucoup de mal à survivre avec sa femme. L’administration lui refusera cette demande : il n’a pas planté 2 arbres par hectare de terrain … En quelques mois, Albert Ulysse fait le nécessaire, il plante 165 arbres fruitiers, des pommiers, abricotiers et pruniers ; certains se feront malheureusement manger ! A cette date, l’ensemble des travaux qu’il a fait sur Bekkaria monte à la somme de 31000 francs. Il en vante même sa propriété « j’ose dire qu’aujourd’hui ma maison et la verdure qui l’entoure est la plus agréable du village ». En novembre 1925, son affranchissement de résidence obligatoire est levé, pourtant certains blocages administratifs ne lui permettront pas d’obtenir les papiers officiels. Fin 1925, Albert Ulysse MURET, qui a déjà travaillé au bureau de poste il y a 10 ans, devient Agent Receveur des Postes à Bekkaria.

Locations de terres (1926-1928) et affranchissement de résidence (1927)

Dans un courrier du 10 septembre 1926, on apprend que Bekkaria n’a plus que 4 colons ! Tous les autres colons ont été déchus de leurs terres dont Jean Baptiste PILA, un corse qui a vu ses enfants malades et sa fille y mourir sans gagner de quoi nourrir sa famille[38]. Le docteur PANTALONI de Bône dira même au Préfet que « les colons que l’on a placés à Bekkaria ont été victime d’une erreur de l’Administration ». Les 4 derniers colons, Jean TITOLLIER, Casimir DUBART, Paul PAOLI et Albert Ulysse MURET demanderont que toutes les concessions vides leurs soient distribuées égalitairement. Ils se disputent déjà ce qu’ils n’ont pas : ils veulent les meilleurs jardins avec les arbres fruitiers et délaisser les jardins pleins de chiendents ! Le 3 août 1928, il obtient 4 terrains complémentaires de 70 hectares d’une valeur de 20000 francs issus du colon déchu Jean Baptiste PILA qu’il prend en location pour 18 ans et dont il en sera propriétaire s’il y fait les travaux nécessaires. Le premier terrain possède une maison de plain‑pied de 10 × 6 mètres. Les autres terrains sont complantés de quelques arbres fruitiers et de 10 hectares de thym. Du côté familial, son fils Pierre Arsène Jules MURET est très malade, Albert Ulysse MURET doit vendre un cheval pour payer les soins médicaux. Ce fils qui avait réussi le concours de commis des P.T.T. des 10 et 11 janvier 1923 à Rabat[39] au Maroc, décèdera le 2 janvier 1926[40] à Alger.

En plus des conditions hostiles à la vie, les habitants étaient victimes de plusieurs violences dans la région : un homme armé d’un fusil a tiré du plomb de chasse sur M. POLI, le garde forestier alors qu’il rentrait chez lui[41] ; Charles LEZONGARD, un autre garde forestier de Bekkaria sera assassiné quelques années plus tard lors de sa tournée en forêt près de Tébessa[42] et ce même jour, M. DESTEFANI, commerçant de Tébessa sera frappé de plusieurs coups de tranchet au visage et dans le cou alors qu’il fermait la devanture de son magasin[43] ; le brigadier BELISSANT et son collègue ont reçu 10 coups de fusil, tuant son cheval et traversant sa cuisse[44] ; et enfin, la femme DUBART, voisine et de la belle-famille des MURET, sera assassinée de trois coups de poignard dans le crâne, la lame restant plantée dans sa tête[45], c’est son fils et son mari qui la découvriront gisant par terre.

En mai 1927, Albert Ulysse MURET perd patience concernant son affranchissement de résidence à Bekkaria. Le Préfet de Constantine bloque ses demandes en faisant traîner l’administration sur plusieurs points : le temps de résidence d’Albert sur ses terres, le « décompte des arbres » modifié en « décompte des arbres de plus de 3 ans (et vifs) », le fait qu’Albert ne cultive pas lui‑même sur ses terres, l’expertise des améliorations … « Je peux justifier que j’ai apporté sur ma propriété les améliorations prévues par mon contrat. Depuis octobre 1925, un rapport à ce sujet a été fait par M. SUISSE, conseiller agricole à Guelma. Qu’a-t-on fait depuis le 9 décembre 1925 ? Rien ! (…) Je vous en supplie, rendez-moi le service de voir M. le Préfet lui-même (…) Ayez la curiosité de lire les rapports de M. LARMANDE, administrateur, homme très juste, indépendant qui n’a jamais voulu se prêter à toutes ces petites tracasseries. (…) Je ne peux obtenir qu’un crédit très limité car chaque fois on m’oppose que je ne suis pas encore propriétaire de ma concession. Je viens de demander au Crédit Foncier un crédit de campagne pour bestiaux de 12000 francs et il est certain qu’on va me faire la même réponse ». Le 26 juillet 1927, 14 ans après avoir eu sa concession, il obtient enfin la dispense de résidence sur ses terres.

Amélioration de la concession (1928-1930)

Le 29 avril 1929, Albert Ulysse MURET souhaite faire un emprunt de 33000 francs à la Caisse Régionale de Constantine pour se payer un tracteur pour défricher l’ex-concession PILA, défricher la dernière partie de son terrain n°120 et payer les dettes de la construction d’une de ses maisons.

Tous ses biens de Bekkaria sont mis en hypothèque et décrits ci-après :

·                  Les 4 premiers lots de la concession gratuite de 1913 : sur le terrain à bâtir n°22 du centre communal se trouve la maison à usage de ferme comprenant 4 pièces et un grand magasin fait en bonne maçonnerie, carrelés et plafonnés, couverts de tuiles ayant perdu 50% de sa valeur pour cause de vétusté avec un grand jardin entouré d’une haie de lyciet et composé de 150 grenadiers, figuiers, peupliers, pruniers et autres arbres (valeur : 22000 francs) ; sur le terrain de jardin n°21 se trouve 15 arbres fruitiers, le terrain est facilement irrigable (valeur : 10000 francs) ; sur le terrain de culture n°98 se trouve une culture de céréales qui donne peu de résultats à cause de la sécheresse et de la faible pluviométrie mais qui a l’avantage d’être totalement défriché (valeur : 12000 francs) ; sur le terrain de culture n°120 partiellement défriché, se trouve également une culture de céréales (valeur : 38000 francs) avec le matériel agricole consistant en une moissonneuse-lieuse, 3 charrues et une charrette (valeur : 6000 francs).

·                  Les 2 lots de l’héritage de sa mère de 1914 : sur le terrain à bâtir n°21 se trouve une construction en bonne maçonnerie et couvertes de tuiles qui sert d’écurie (valeur : 6000 francs) pour 6 bœufs et 2 chevaux (valeur : 8000 francs); sur le terrain de jardin n°38 se trouve des cultures maraîchères, le terrain est facilement irrigable (valeur : 10000 francs). Sur toutes ses terres de culture, il obtient l’aide de la main-d’œuvre indigène qui est sur place en bonne intelligence.

·                  Un terrain à bâtir n°20 acheté en 1928 contenant une maison de 70m² de 3 pièces couverte de tuiles qui servira de dépôt de pain et de petite épicerie (valeur : 10000 francs) pour contenter la population indigène qui devient très nombreuse à Bekkaria.

·                  L’ex-concession de M. PILA en location sur 18 ans contenant un terrain de 70 hectares avec une maison sur cave de 3 pièces et couverte de tuiles et 180 arbres (valeur : 20000 francs : lots urbain n°29 et de culture nos32, 72 et 129).

En mai 1929, il se propose encore d’acheter l’un des terrains de jardin n°45, n°57 ou n°49 à Bekkaria et le 8 juin, l’achat du lot de jardin n°45 lui est accordé.

Décès d’Albert Ulysse MURET (1930)

Le 6 avril 1930, Albert Ulysse MURET fait une demande au nom d’Edmond MURET, son fils qui termine son service militaire à Saint‑Cyr-l’Ecole et qui souhaite le rejoindre à Bekkaria. Cette demande concerne l’achat d’un terrain urbain et d’un jardin. Cette demande semble approuvée. Malheureusement, 2 jours plus tard, Albert Ulysse MURET décède sur sa concession de Bekkaria avant que le prêt ne lui soit parfaitement accordé, laissant sa femme Constance PHILIPPE seule à Bekkaria et ses 2 fils légitimes héritiers de ses biens : Maurice et Edmond MURET : ils stopperont les procédures d’emprunt d’argent et d’achats de terrain à Bekkaria. La veuve « déjà âgée est obligée de travailler, son moral, à la suite du décès (d’Albert Ulysse) est très déprimée, car elle perdit il y a quatre ans (son fils) âgé de 22 ans ». Dès le mois de mai, Constance PHILIPPE emménage avec Edmond à Boulogne-Billancourt. Maurice MURET, qui vit à Saint-Maurice, souhaite obtenir les titres définitifs de la propriété pour pouvoir vendre toutes les propriétés de Bekkaria et rembourser les dettes d’Albert Ulysse MURET.


[1] AD84 Registre des naissances, mariages, décès de Camaret, année 1867, acte 69

[2] AD84 Registre des naissances, mariages, décès de Camaret, année 1872, acte 81

[3] AD84 23Q1867, article 11

[4] ANOM FR ANOM 93 / 1979

[5] AD84 6M239, année 1876, maison 398

[6] AD84 6M239, année 1881, maison 315

[7] ANOM FR ANOM 92 / 3M-294

[8] ANOM Registre des mariages de la Commune Mixte de Saint-Lucien numérisé, année 1896, acte 57

[9] ANOM FR ANOM 2RM-47, matricule 1584

[10] ANOM FR ANOM 92 / 3M-294

[11] ANOM Registre des naissances de la Ville d’Oran numérisé, année 1898, acte 2033

[12] ANOM Registre des mariages de la ville de Constantine, année 1901, acte 68

[13] ANOM Registre des mariages de la ville de Constantine, année 1901, acte 130

[14] ANOM Registre des naissances de la ville de Constantine, année 1902, acte 1253

[15] ANOM Registre des naissances de la ville de Constantine, année 1902, acte 938

[16] Bibliothèque de l’Hôtel de Ville de Paris, photo issue de « Les Maires et les maires-adjoints des arrondissements de Paris pendant la Grande Guerre, 1914-1918 »

[17] « Le Miroir », n°36, p.24, 2 août 1914

[18] « L’Echo d’Alger », n°2641, p.4, 18 juin 1919

[19] « L’Oued-Sahel », n°185, p.3, 5 juin 1924

[20] AD84 23Q1867, article 11

[21] Acte d’adjudication non déposé, Maître DUNAN, notaire à Camaret, du 21 septembre 1919

[22] Acte de procuration non déposé, Maître DUNAN, notaire à Camaret, du 18 août 1919

[23] Acte d’obligation non déposé, Maître CHARASSE, notaire à Camaret, du 17 juin 1896

[24] AD84 23Q3388, article 45

[25] Acte de mariage non déposé de la ville de Paris, 17ème arrondissement, acte 1865

[26] Acte conservé en l’étude de l’Office 14 Pyramides Notaires de Paris

[27] Archives de la Préfecture de Police, 1W436, dossier n°51885

[28] « Le Sourire », 9 février 1933

[29] « Le Petit Girondin », juin 1935

[30] « Le Populaire », 13 juin 1935

[31] AD75 2Y11-251, n°312

[32] « Archives Commerciales de la France », 5 mars 1925

[33] Archives de la RATP – Dossier de Maurice MURET

[34] Acte de mariage conservé par la ville de Saint-Maurice

[35] « L’Echo de Bougie », n°1338, p.2, 28 janvier 1923

[36] Acte de mariage conservé par la ville de Saint-Denis

[37]  Acte de mariage conservé par la ville de Saint-Denis

[38] ANOM FR ANOM 93 1970

[39] « L’Echo de Bougie », n°1338, p.2, 28 janvier 1923

[40] « L’Echo de Bougie », n°1484, p.4, 17 janvier 1926

[41] « Le Petit Troyen », 8 septembre 1908

[42] « L’Echo d’Alger », 16 mai 1914

[43] « Le Petit Marseillais », 17 mai 1914

[44] « L’Echo d’Alger », 21 août 1920

[45] « L’Echo d’Alger », 2 décembre 1920

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