Chapitre VII - Jean François MURET

 Contexte historique

En 1760, Jean Andéol MURET, le frère de Guilhaume MURET est élu consul de deuxième main avec François-Athanase BATHELIER. Ils verront lors de leur mandat : 1/ l’éboulement d’une partie des murailles qui n’a pas tenue lors de pluies diluviennes (après tous ces éboulements, on peut se demander si ces murailles n’étaient pas plus dangereuses que protectrices). La reconstruction de ces murailles permet l’élargissement de la porte dite de Jaubert. Il est à noter qu’originairement, seule une porte de la ville permettait aux charrettes et chevaux de passer ; les autres étant uniquement prévues pour des piétons. 2/ La population de la ville s’accroit et dépasse le cap des 3000 habitants : de nombreux étrangers viennent s’établir à Camaret. Il leur est exigé sous le mandat de Jean Andéol MURET de fournir un certificat de catholicité et une attestation de bonne vie et mœurs délivrée par un juge. 3/ Les consuls sont convoqués par le vice-légat SALVIATI à Sérignan afin d’examiner la situation financière et administrative de la commune. En 1773, nouveau mandat : l’Eglise est à nouveau agrandie ; les incendies de forêt sont fréquents et seront punis de coups de fouet puis des galères.

En 1768, le Pape excommunie le jeune Ferdinand de BOURBON, duc de PARME, allié de la France. Louis XV fait occuper Avignon et le Comtat Venaissin par les troupes de Jean-Louis Marquis de ROCHECHOUART, commandant la Provence dans l’indifférence de la population. Au point que le 11 juin 1768, ce territoire devient domaine du Roi de France. Le 26 juin, le conseil de la communauté de Camaret est assemblé à 13h pour entendre la lecture de l’arrêt ordonnant la réunion du Comtat Venaissin à la France : Jean-François BOUCHE et Joseph MURET, beau‑père et frère de Guilhaume MURET et probablement ce-dernier, assistent à cette assemblée. Ils « ont reconnu et reconnaissent le roy Louis XV heureusement régnant pour leur souverain Seigneur et ont tous crié à haulte voix, Vive le Roy, pendant trois fois ». Les camaretois sont donc devenu Français à nouveau pour 6 ans jusqu’en 1774 où ils crièrent de la même voix « Vive le Pape et M. de ROCHECHOUART ».






Contexte historique – 1789-1791 – Révolution Française et Comtadine

Les faits historiques qui suivent se compliquent fortement lors de l’annexion du Comtat‑Venaissin au Royaume de France lors de la période révolutionnaire. La misère et la dégradation des conditions de vie des sujets mènent à la convocation par Louis XVI des Etats Généraux du 5 mai 1789. Il sera décidé l’abolition des privilèges féodaux, des vœux monastiques, des titres de noblesse et la division de la France en départements. En écho à la Révolution Française, les avignonnais expriment des doléances en août 1789 et demandent par la suite le rattachement d’Avignon et du Comtat Venaissin à la France. Le Comtat Venaissin de son côté demande des Etats Généraux au Pape. Le 27 mai 1790 se réunissent les députés en une Assemblée Représentative à Carpentras, Camaret envoie Joseph-Andéol COSTE : ils adhèrent aux idées révolutionnaires mais souhaitent rester sous la tutelle du Pape. C’est ainsi qu’ils adoptent tous les décrets de l’Assemblée Nationale française en accord avec le pontificat, règlementent l’administration municipale (créant par la même occasion la fonction de maire), adhèrent à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et divise le Comtat Venaissin en 4 départements : l’Aygues, l’Ouvèze, l’Auzon et le Vaucluse. La seule différence : ils annoncent que seule la religion catholique sera admise. Avignon et le Bas-Comtat, révolutionnaires partisans de leur annexion à la France se retrouve en conflit avec 60 communes du Haut-Comtat, comtadins papistes qui sont contre cette annexion ; leurs peurs : une annexion signifierait une hausse des impôts et un assujettissement à des obligations militaires. Pour montrer son attachement à la religion, Pierre IMPERAIRE de Camaret est envoyé pour renouveler le serment de fidélité au Pape. La ville organise sa garde citoyenne dirigé par le Major Jean-Louis DIANOUX et les troupes des 60 communes papistes sont envoyées à Sainte-Cécile. Elles forment l’armée de « l’Union de Sainte-Cécile ». Ils feront assassiner le maire de la ville de Vaison du parti Avignonnais ce qui aura pour effet de créer une guerre civile. Le 19 avril 1791, les révolutionnaires dont le Général PATRIX, 6000 hommes et 20 canons mettent en déroute les troupes de « l’Union de Sainte-Cécile » lors de la bataille de Sarrians. A la suite de ces évènements, un armistice est signé entre les deux camps comtadins. Malgré la résistance du Haut-Comtat dont la ville de Camaret, un décret de l’Assemblée Nationale française du 14 septembre 1791, rattache la ville d’Avignon et le Comtat Venaissin à la France. Ces tensions politiques sont bien sûr à nuancer, les opinions politiques pro- et anti-annexion au sein des communes ne faisaient pas l’unanimité chez les habitants. Les deux premiers maires de Camaret en sont le parfait exemple : Dominique MARCHANT révolutionnaire suivi de Joseph-Andéol COSTE contre-révolutionnaire. Le Comtat Venaissin est donc, fin septembre 1791, un domaine de la couronne sous la Monarchie Constitutionnelle de Louis XVI : les MURET sont désormais Français !

A noter que Jean-Louis DIANOUX, major de la garde citoyenne contre-révolutionnaire de Camaret qui a mené la bataille de Sarrians est l’un de nos ancêtres : il est le père de Marie‑Thérèse DIANOUX dont il sera parlé dans les chapitres suivants.

Contexte historique – 1792-1794 – Les Fédéralistes et la Grande Terreur

La France traverse une crise économique en 1791, le peuple a faim et le 20 avril 1792, déclare la guerre à l’Autriche. Les armées françaises désorganisées partent en déroute. Le 11 juillet, l’Assemblée Nationale déclare la « Patrie en danger » : les armées autrichiennes et prussiennes sont dans le nord ! Le couple royal après une tentative de fuite à Varennes, est soupçonné d’avoir demandé l’aide des Prussiens pour gérer la crise parisienne ; ils sont emprisonnés. Début septembre, de nombreux contre-révolutionnaires sont assassinés. La bataille de Valmy du 20 septembre 1792 permet de défaire les armées ennemies. Le lendemain, finie la Monarchie ! Place à la Convention Nationale portée par les Girondins (droite), les Montagnards (gauche) et la Plaine (centre) et son calendrier républicain : « l’An I de la République Française ». Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné après vote (361 / 749) de la Convention qui ne fera pas appel au peuple.

En 1793, après la chute des Girondins et une majorité de Montagnards à la Convention, les rebelles du Mouvement Fédéraliste de Marseille projettent de renverser la Convention Nationale et souhaitent décentraliser les pouvoirs. Leurs armées insurrectionnelles traversent l’ancien Comtat Venaissin où elles trouvèrent de nombreux sympathisants, les excès de la Convention leur ayant été favorables. Dans toutes les communes de l’ancien Comtat, des sections Fédéralistes s’organisèrent. Camaret n’échappe pas à la règle : Joseph-Andéol COSTE, maire et ancien partisan contre-révolutionnaire devient président de la section Fédéraliste de Camaret qui comprenait plus de 150 membres. Dominique MARCHANT, l’ancien maire révolutionnaire est emprisonné. Jean-François CARTAUX, général divisionnaire envoyé par la Convention pour combattre l’insurrection Fédéraliste, la vaincra en août 1793. Pendant ce carnage, Joseph-Andéol COSTE s’enfuit. Il est arrêté puis guillotiné le 30 juillet 1794. En septembre 1793, sous la Terreur, des comités de surveillance sont chargés de dénoncer les contre-révolutionnaires ou Fédéralistes. Un grand bain de sang envahit toute la France. 53 camaretois seront emprisonnés et jugés par des accusateurs sans scrupule de la commission populaire d’Orange. Jacques-René HEBERT, figure extrémiste de la Terreur mène également une politique de déchristianisation, l’Eglise de Camaret, autrefois si visitée se retrouve désertée et transformée en Temple de la Raison, les statues et reliques sont détruites, les cloches fondues, les croix brisées …

Au sein même des Montagnards, Maximilien de ROBESPIERRE fera arrêter puis guillotiner Jacques-René HEBERT, membre du Club des Cordelier et animateur des ultra‑révolutionnaires, les Enragés. Georges Jacques DANTON, jacobins qui désapprouvera la Terreur, et son courant politique plus modéré des Indulgents suivra le même chemin. Les autres mouvements politiques Girondins et Plaine feront arrêtés à son tour Maximilien de ROBESPIERRE, également jacobin, et il sera guillotiné le 28 juillet 1794. Le régime de la Terreur est alors terminé !

Contexte historique – 1794-1804 – Directoire et Consulat

Les nouvelles prenant deux jours à arriver dans le Sud, d’autres têtes révolutionnaires passeront à l’échafaud ! La mort de Maximilien de ROBESPIERRE sera célébrée dans toutes les communes ! Le maire et les officiers municipaux de Camaret écriront à la Convention Nationale : « Les mouvements qui se manifestent quelquefois parmi vous, ne nous effrayent. Ce n’est que par les tempêtes que la mer se purge des immondices, qui, à la longue corrompraient les eaux. C’est ainsi que vous êtes parvenus à détruire les Jacobins. […] Recevez, citoyens représentants, toutes nos félicitations et mettez le comble par la punition des méchants ». Les sanglants juges sans scrupule d’Orange se feront arrêter par un détachement de dragons et transférés à Paris, certains s’échapperont et reconnus par la population, se feront rouer de coups et massacrer, les autres seront jugés et guillotinés sur la place du Palais à Avignon.

A Camaret, le Comité de Surveillance chargé d’enquêter sur les contre-révolutionnaires, les membres du Parti Fédéraliste et de recueillir les dénonciations lors de la Terreur s’empresse de disparaître. Certains membres sentant les vents tourner, s’échappèrent, les autres se feront insultés quotidiennement par les familles des victimes. En janvier 1795, ils seront emprisonnés à leur tour et craindront la guillotine ! Un décret d’amnistie les sauvera en octobre 1795. Les tensions apaisées, les citoyens sont invités à participer plus amplement à la vie du pays : 1/ Déclarer leur fortune pour un emprunt forcé de 600 millions de livres. Les citoyens protestèrent et firent valoir des dettes pour réduire les taxes. 2/ Participer à la Guerre en fournissant céréales, foin, paille, chevaux et soldats ! Les jeunes sont recensés pour la conscription. Les insoumissions sont nombreuses, les jeunes se font réformer. Andéol MURET, cousin de Jean-François MURET dont il sera question dans ce chapitre, assisté d’un chirurgien, jugera la situation des jeunes réformés et restera très clément. Les années suivantes une dizaine de jeunes camaretois seront blessés ou mourront à la Guerre. A Camaret, le brigandage est fréquent, une garde nationale est mise en place avec de nombreux membres de la famille BOUCHE. En 1799, une nouvelle constitution est adoptée. Trois consuls gouverneront le pays avec un corps législatif et un sénat : Jean-Jacques-Régis de CAMBACERES, Charles-François LEBRUN et le Premier Consul : Napoléon BONAPARTE ! En 1802, place à une nouvelle constitution faisant de Napoléon BONAPARTE consul à vie. En 1804, ce sera le retour de la monarchie héréditaire : le Premier Empire dirigé par Napoléon BONAPARTE. « Je jure de maintenir l'intégrité du territoire, de respecter la liberté des cultes ; de faire respecter l'égalité des droits ; de gouverner dans la seule vue de l'intérêt, du bonheur et de la gloire du peuple français ». Il sera acclamé par toute la population (3,5 millions versus 2500 voix).

Anecdote amusante : la ville de Camaret a vu l’apparition de prénoms très inspirés de l’ambiance révolutionnaire : Victoire, Liberté, Républicaine ou Brutus. Mais à la proclamation de l’Empire, ces personnes s’empresseront de faire changer leur prénom devenu gênant !

Jeunesse de Jean François MURET

Le 7 juillet 1764, Jean François MURET est baptisé dans l’Eglise Saint-Firmin de Camaret par M. BONFILS, le curé. Il est le premier enfant de Guilhaume MURET et Marie Anne BOUCHE. Son père à 40 ans et sa mère 25 ans. Son parrain sera son grand-père paternel Jean François MURET qui lui donnera son prénom, il est alors âgé de 72 ans. Sa marraine sera sa grand-mère maternelle Elisabeth TEYSSIER âgée de 45 ans.

Jean François MURET, âgé de 6 ans, vivra le décès de son père et sera élevé par sa mère qui restera seule jusqu’à la majorité des enfants.

Mariage de Jean François MURET et Rose Justine CLEMENT (1784)

A l’âge de 20 ans, Jean François MURET se marie[1] avec Rose Justine CLEMENT, une jeune fille de 22 ans originaire de Solérieux dans le Comtat Venaissin (à 30 km au Nord de Camaret aujourd’hui situé dans la Drôme). Elle est la fille de Jean Antoine CLEMENT, cultivateur décédé depuis 9 ans et Justine Rose BILLIARD qui a vécu dans la cité troglodyte du Barry à Bollène. Le mariage MURET – CLEMENT a lieu le 7 septembre 1784 à Solérieux paroisse Saint-Raphaël. La première publication du mariage a été faite deux jours avant le mariage et ils ont été dispensés des deux autres publications règlementaires par les évêques de Saint‑Paul‑Trois-Châteaux et d’Orange les 4 et 6 septembre. La cérémonie s’est faite en présence de nombreux témoins : Jacques CLEMENT, Jean-Louis DIANOUX, Simon LAMBERT, Jacques CLEMENT, frère de la future, Jean‑Pierre BILLARD, Joseph DARASSE et Louis LAGIER.

Quelques heures auparavant, toute la famille était réunie dans la grange de Justine Rose BILLARD à Solérieux en présence de Maître FABRE, notaire de Camaret qui a également fait le déplacement[2]. Jean François MURET est autorisé à se marier par le nouveau mari de sa mère Simon LAMBERT. Rose Justine CLEMENT, la future épouse, apporte en dot l’intégralité de ses biens dont la somme de 500 livres, 2 draps, 3 serviettes et une nappe que Thérèse BILLIARD, sa tante lui a légué à son décès, 1000 livres de sa mère et 1500 livres de son père décédé que sa mère lui paiera sous 2 ans. Sa mère lui donne également 1000 livres qu’elle héritera après son décès ainsi qu’une garde-robe en noyer. La mère de Jean François MURET lui donne 600 livres issus de sa dot ainsi que 600 livres à la future épouse issus de sa dot et de sa survie sur son mari. Il garde également la jouissance de tout le mobilier délaissé par son défunt père. Les habits, bijoux et joyaux sont payés par les 2 familles et resteront à l’époux survivant. En cas de décès, Jean François MURET donne 300 livres à sa femme et inversement, elle donne 150 livres.

Quelques jours plus tard, le 20 septembre 1784, Jean François MURET prendra 450 livres de la dot de sa femme pour payer une dette contractée par son grand-père Jean François MURET et sa grand-tante Marguerite MURET auprès de deux de ses cousines à la mode de Bretagne, les sœurs Thérèse et Marie Rose Jeanne FEBRIER héritières de Jeanne Rose FEBRIER. Marie Esprite GENEVES de Sablet résidant à Sarrians participera au remboursement de la dette à hauteur de 400 livres. Il en sera de même dans un contrat du 22 septembre 1784[3], en faveur cette fois des sœurs Marguerite et Madelaine Rose de Saint-Jean, elles aussi cousines à la mode de Bretagne.

Le Mouvement Papiste puis le Mouvement Fédéraliste (1789-1793)

Jean François MURET a très certainement été un papiste contre-révolutionnaire modéré. Il était entouré d’autres contre-révolutionnaires[4] : son proche voisin, Joseph-Andéol COSTE, un homme de loi fortuné, fût un fervent défenseur du Comtat papiste ; Simon LAMBERT, son parâtre et Joseph François BOUCHE, son oncle auront également ces idées. Le Haut-Comtat qui refusait l’adhésion du Comtat Venaissin à la France organise des troupes qui se réuniront à « l’Union de Sainte‑Cécile ». De GRELY est général en chef, LAMBERT, chef de bataillon. Jean-François MURET y était très certainement. Le 19 avril 1791, l’Union de Sainte-Cécile est défaite, l’armée est en déroute. Joseph REYMOND est blessé, Joseph CROZE tué par mégarde. Jean-Louis DIANOUX[5], major de la troupe sera payé 330 livres pour entretenir les soldats. Cette bataille restera vaine, car le 14 septembre 1791, le Comtat sera réuni à la France !

Le 1er maire de Camaret, Dominique MARCHANT, du Club des Jacobins, sera, si on en croit les nombreux témoignages de l’époque[6], un maire tyrannique, patriote sans-culotte, se permettant de taxer sans justificatif et par la force les pauvres camaretois. Jean François MURET se rappelle qu’en 1792, le maire « le fit appeller ainsy que le citoyen Antoine REYNE et les ayant fait monter dans son cabinet il leur remit une liste des contribuables et les chargea de la part du comité secret de les exiger dans un court delay. Dans la liste le citoyen Pierre IMPERAIRE etoit compté pour 1000 livres, le citoyen MASSILLAN pour 600 livres, le citoyen MARCHANT ainé son frère pour 100 livre et le citoyen Pierre MOREL pour 50 livres. Qu’en consequence lesd(its) MURET et REYNE furent chez lesd(its) particuliers pour leur demander les sommes et qu’aucun dEux ne voulut les payer ». Jean François REYMOND et Louis BISCARRAT rapportent chacun une histoire similaire avec des sommes encore plus exorbitantes allant jusqu’à 4000 livres de taxes pour la Duchesse de GADAGNE. Au sein du Club des Jacobins, ce maire avait des discours « menaçants et effrayants » et « repandoit la consternation dans le public ». Gabriel LAMBERT ajoutera qu’il lui avait dit « en luy appliquant les mains sur les epaules, vous etes un peu aristocrate mais si vous m’apportés deux têtes je vous feray recevoir au club ». Jean François PERRAND, chirurgien, confirmera que le maire promettait que « pour etre reçû au Club il falloit apporter des tetes d’aristocrates ». Le maire niera toutes les accusations[7].

En 1792, Joseph Andéol COSTE, juge de paix et voisin de Jean François MURET est nommé maire de Camaret. Cette fois-ci, le pouvoir passe à un contre-révolutionnaire connu des habitants. Cette même année, c’est au tour de Jean Pierre LATOUR, assesseur du juge de paix d’être nommé maire. Il est également contre-révolutionnaire mais plus modéré que son prédécesseur. A cette époque, arrive les Fédéralistes de Marseille. Joseph Andéol COSTE, l’ancien maire, est nommé Président de la Section Fédéraliste de Camaret, Joseph François BOUCHE, oncle de Jean François MURET, sera nommé membre de la Surveillance de la Section Fédéraliste. Jean François MURET et Jean-Louis DIANOUX seront probablement rattachés à la Section et auront des comportements contre-révolutionnaires. Le 10 juillet 1793, Dominique MARCHANT, l’ex-maire tyrannique nommé commissaire du district du Vaucluse et revenant d’Avignon avec les consignes de trouver des charrettes pour conduire 500 barils de poudre à l’Armée d’Italie pour combattre le mouvement Fédéraliste, se fait arrêter par la Section Fédéraliste de Camaret. Louis BISCARRAT, Capitaine de la Garde Nationale nommé par la Section et 100 soldats armés le font prisonnier et l’amène au corps de garde pour atteinte à sa vie et à ses propriétés et « que assez long-temps il avoit maitrisé le pays ou il n’avoit cessé de se montrer l’oppresseur des honnetes gens et qu’il étoit enfin temps que les honnettes gens se levassent en masse et prennent en mains les rennes du gouvernement ». Le maire fut appelé pour le libérer mais il n’en fera rien et la population fut même invitée à son de trompe à venir faire les dénonciations contre le maire. Il restera 3 jours au corps de garde. Une foule de membres de la Section armés l’injuriait en permanence. Un mandat d’arrêt officiel sera rédigé contre lui « à la clameur publique » et il sera transféré à la maison d’arrêt du district.

Mais à cette période, la Convention met en place le Comité de Sûreté Générale et de Surveillance pour enrayer la Guerre Civile qui ronge le pays. Un nouveau maire est nommé, Michel FABRE, un fervent Robespierriste et acteur de la Terreur à Camaret. Le Comité de Salut Public d’Avignon et le Général de l’Armée de Marseille feront libérer quelques jours plus tard Dominique MARCHANT, l’ex-maire sans-culotte. Dénoncé auprès des Fédéralistes de Marseille par la Section de Camaret, il sera fortement recherché, se cachera et changera de gîte tous les soirs.

Terreur et Tribunal Révolutionnaire (1793-1794)

En août 1793, le Général CARTEAUX défait les troupes des Sections Fédéralistes du Vaucluse. De nombreux Fédéralistes doivent se cacher à leur tour. Le Comité de Surveillance de Camaret dans cette période de Terreur, récolte les dénonciations des habitants de Camaret contre eux. Dominique MARCHANT, reviendra et en dénoncera plusieurs. Les dénonciations mentionnent que Jean François MURET et ses comparses sont revenus de Cavaillon avec des fusils et que lors d’une bagarre au sujet des Fédéralistes Marseillais à Camaret, ils auraient encore été vu en possession de ces armes. Le 14 septembre 1793, Jean Pierre BOUCHE, Jean Joseph BOUTEILLE et Pierre BATHELIER, officiers municipaux sous le mandat de Michel FABRE, le maire Robespierriste, sont dépêchés pour effectuer des visites surprises chez les suspects. Rose Justine CLEMENT, la femme de Jean François MURET, est questionnée au sujet de la détention d’armes. Elle répondra que la famille n’en possède pas. Sa tante Marie Anne LAMBERT recevra la même visite au sujet de Joseph François BOUCHE, pas de fusil non plus[8]. En juillet 1792, l’ex-maire Dominique MARCHANT avait déjà désarmé Jean François MURET d’un fusil et envoyé l’ensemble des armes des habitants (sabres, fusils, pistolets, épées, baïonnettes, …) à Avignon[9] pour les patriotes. Les propriétés de Jean François MURET seront mises sous scellés et quelques jours plus tard, il sera arrêté, tout comme 52 autres personnes dont Joseph François BOUCHE. Joseph Andéol COSTE et Jean Louis DIANOUX fuiront. Le 29 septembre 1793, Michel FABRE, le maire, fait transférer 6 prévenus en état d’arrestation à Orange, parmi eux, Jean François MURET, Joseph François BOUCHE, le notaire Alphonse GAUDIBERT, Pierre‑Louis COLLET, André REYMOND et le chirurgien Joseph GOUDAREAU. Jean François MURET se retrouve ainsi à la Prison des Dames à Orange pendant presque un an.

En théorie, l’ensemble des accusés devaient être transférés à Paris pour leur jugement mais Etienne-Christophe MAIGNET, ami de Robespierre nommé Gouverneur des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse établira un Tribunal Révolutionnaire à Orange[10] car « il faudrait une armée pour les conduire (il) porte à 12000 ou 15000 ceux qui ont été arrêtés ». Robespierre avait personnellement envoyé d’atroces instructions aux juges et aux accusateurs publics. L’accusateur François-Charles VIOT et le greffier Claude BENET se vanteront des condamnations « plus de 300 contre-révolutionnaires ont payé de leur tête les crimes qu’ils ont commis », « la guillotine est placée au pied de la montagne. On dirait que toutes les têtes tombant lui rendent l’hommage qu’elle mérite » faisant référence aux députés de la Montagne ayant le pouvoir à la Convention.

Constant LATOUR relate dans son livre sur Camaret[11] des anecdotes qui montrent l’esprit de ce Tribunal Révolutionnaire : « les juges ne se piquaient pas de scrupules excessifs. C’est ainsi que les nommés ROSTY, RIVOIRE et MEYNIER furent exécutés, le premier à la place de son frère, les deux autres à la place de leur fils. Ils protestèrent inutilement. Les juges estimèrent que l’erreur était sans importance. Une femme fut amenée tenant par la main un enfant de 4 ans et portant l’autre à son sein. Elle fut condamnée et exécutée le même jour. Les enfants envoyés à la bienfaisance y moururent. L’accusateur VIOT avait l’habitude de dépouiller certains accusés de leurs effets et de leur argent avant leur comparution devant le tribunal. Il était déjà fixé sur leur sort. Le bourreau s’attribuait les vêtements des suppliciés. C’est à de pareils juges que furent livrés 53 honorables citoyens de Camaret dont un enfant ».

Le 13 thermidor an II (1er août 1794), Jean François MURET est transféré de la Prison des Dames par la petite ruelle Saint-Louis, marche sur la rue du Mazeau et rejoint une ancienne église désaffectée aménagée en salle du Tribunal. Avec lui, se trouve son oncle Joseph François BOUCHE, Louis BISCARRAT, Jean François PERRAND et d’autres suspects de Camaret. Jean François MURET et Joseph François BOUCHE seront jugés et relâchés fautes de preuves. Louis BISCARRAT, le Capitaine de la Garde Nationale qui avait fait arrêter le maire tyrannique Dominique MARCHANT sera condamné et exécuté quelques heures plus tard sur le Cours Saint-Martin. Louis GRANGEON qui avait transféré ce même maire jusqu’à la Maison d’Arrêt sera également guillotiné. Jean François PERRAND, le chirurgien, sera quant à lui incarcéré à vie. Les deux ex-maires contre-révolutionnaires de Camaret Joseph Andéol COSTE et Jean Pierre LATOUR seront guillotinés les 31 juillet et 2 août 1794.

Les membres du Comité de Surveillance seront ravis de leurs actions[12] : « graces en soient rendues à l’œil perçant des membres qui ont arrétté l’embrasément » et demanderont même de poursuivre la surveillance et « d’etre ferme à votre poste, surveillant tous ensemble les malveillants et tous ensemble nous affermirons les loix et le triomphe de la république ». Les dernières mesures prises par les Robespierristes à Camaret seront d’appliquer fermement la Loi du Maximum qui fixe les salaires et les denrées de première nécessité.

L’après Terreur (1794-1795)

A la suite de son jugement, Jean François MURET peut donc enfin rentrer chez lui après un an de détention. Les scellés 🔒 posés sur ses biens seront enlevés. La famille pourra vivre à nouveau normalement. On apprend également à cette période que Jean François MURET est blanchisseur de toiles et qu’il possède une « usine » à la frontière de Camaret. Il est également père de 4 enfants : 👶 François Simon MURET né en 1787 dont il sera question dans le chapitre suivant, 👶 Jacques MURET né en 1790, 👶 Marie Justine MURET née en 1793 et 👶 Guillaume MURET né en 1794. Jacques MURET sera à ses 20 ans, un homme d’1 m 64, cheveux et sourcils noirs, yeux gris, nez épaté, bouche moyenne, menton un peu allongé, visage ovale et le teint pâle, il est né avec un handicap mental qui lui vaudra une dispense d’armée pour imbécilité[13]. Guillaume MURET quant à lui, est bègue et travaille à la blanchisserie avec son père.


Le 5 août 1794, à la suite du jugement de Maximilien de ROBESPIERRE qui fût à son tour guillotiné à Paris, le Tribunal Révolutionnaire est supprimé, la période de Terreur est terminée ! Quelques jours plus tôt, certains condamnés à mort camaretois, impatients de leur longue détention avaient demandé leur mise en jugement en avance. Cette impatience leur coûta la vie … et les survivants incarcérés furent libérés !

A la suite de la Terreur, Camaret est nommé chef-lieu du canton contenant les villes de Travaillan, Violès, Jonquières et Camaret. La vie dans le canton se passe sans incident notable. On remarquera un franc revirement de politique en 1795, 2/3 du nouveau conseil municipal avait été incarcéré pendant la Terreur, Jean François MURET en fera partie comme l’un des notables de la ville et son oncle Joseph François BOUCHE sera même agent national ! Les anciens membres du Comité de Surveillance se font tout petits, certains se sont enfuis à Toulon comme un cousin éloigné Jean Louis MURET[14] qualifié de terroriste qui « crioit a plene geule, Vive la Montagne, Vive les Jacobins ». Pour rappel, les membres du Tribunal Révolutionnaire se firent à leur tour guillotiner et ou tentèrent de s’échapper. On trouve en 1795, dans les prisons d’Orange[15], Jean Pierre BOUCHE, un fervent Robespierriste qui était l’officier municipal le plus important sous le mandat de Michel FABRE. C’est lui qui avait dénoncé Louis BISCARRAT et d’autres personnes au Comité de Surveillance et encore lui qui menait les perquisitions chez Jean François MURET lors de la Terreur. Il est arrêté le 6 ventôse an III (24 février 1795). Il est décrit comme un « ancien officier municipal prevenû de concussion, contributions, faux témoignage au Tribunal d’Orange ou il a conduit un citoyen à l’echaffaud, prevenû d’avoir prévariqué dans ses fonctions d’officier municipal, assuré de tirannie, despotisme, insolent, auteur, instigateur des troubles de sa commune, mal famé dans tous les temps, detenû de l’avis de sa municipalité ». Pierre BATHELIER et François BOUTEILLE qui menaient aussi les perquisitions chez les camaretois sont également arrêtés et interrogés le 26 ventôse (16 mars)[16]. On retrouve quasiment tous les membres du Comité de Surveillance avec des descriptions terribles : « grandement coopéré aux malheurs de sa commune », « grand terroriste », « la presence est capable d’exciter des troubles », « fausses dépositions », « fait tomber plusieurs tetes des meilleurs citoyens », « dilapidation de la fortune publique », « arrestations arbitraires », « homme sanguinaire » … D’autres se sont enfuis comme Dominique BEDOUIN du Comité de Surveillance qui a été retrouvé à Puyméras en avril[17]. L’ancien maire Michel FABRE, qui a dirigé la purge à Camaret, est reconnu coupable et doit être incarcéré. Le juge de paix en fait la demande le 5 septembre 1795. Michel FABRE est très malade à la Maison de Bienfaisance Nationale d’Orange mais on demande son transfert dès le lendemain à la Maison d’Arrêt de la Baronne[18]. On apprend qu’il décède le 3 brumaire an IV[19] (24 octobre 1795). Il ne purgera jamais sa peine !

Vie politique (1796-1797)

Le 20 nivôse an IV (10 janvier 1796), Jean François MURET est nommé agent municipal[20], un équivalent de maire et de commissaire de police local avec son adjoint Pierre MOREL en remplacement de Joseph François BOUCHE et Michel André TARAVEAU. A cette époque, Camaret compte 2000 habitants[21].

Lors de leur mandat, on notera la cérémonie de la mort de Louis XVI du 31 janvier : toute l’administration du canton et le peuple est là, ils marchent dans les rues de Camaret au son des tambours et s’arrêtent à la grande Porte de l’Horloge, au pied de l’arbre de la Liberté. Les agents municipaux clament leur « sincère attachement à la République », leur « haine éternelle à la Royauté » et crient en chœur « Vive la République, Vive l’Assemblée Législative, Vive le Directoire Exécutif ! », acclamés par le peuple réuni. Pour remplacer les fêtes religieuses, le gouvernement instaura les fêtes républicaines : la fête des époux, la fête de la liberté, la fête des vieillards, la fête de la victoire, la fête de l’agriculture … Cette dernière a lieu le 14 messidor an IV (2 juillet 1796), Jean François MURET en tenue et l’administration du canton ont défilé dans les rues de Camaret derrière une charrue tirée par des bœufs avec des couronnes d’épis enrubannées de tissus tricolores. Arrivés dans un champ, le président du canton, Joseph Mathieu COSTE, prononce un discours et sous les battements des tambours commence un sillon avec le soc de la charrue tirée par les bœufs, sillon qui sera continué par Jean François MURET puis d’autres agents municipaux. Ils se sont ensuite tous dirigés vers la place du village et ont dansés la farandole.

Pendant son mandat, on verra également l’arrivée d’un emprunt forcé, taxe sur la fortune. Les citoyens sont invités à déclarer leur patrimoine et leur revenu : Jean François MURET déclarera 246 livres de revenu net[22]. A cette période, de nombreux appelés partent également combattre à la Campagne d’Italie dirigée par les Généraux KELLERMANN, SCHERER puis en 1796, Napoléon BONAPARTE. Antoine GABELLON, sergent major de 53 ans sera éventré et aura une descente de boyaux, Barthelemy BAUD, grenadier de 25 ans, un coup de feu à l’épaule gauche, concernant Jean BONET, soldat de 26 ans, une bombe a emporté son pied droit et sa cheville, Simon ROURE, soldat de 22 ans, est estropié et borgne à cause d’un coup de feu, Jean Joseph TRAMIER, décèdera au service de la République[23].

Jean François MURET et Pierre MOREL seront remplacés le 14 germinal an V (9 avril 1797) par changement de la moitié du Conseil Municipal. Joseph François BOUCHE, l’oncle et André REYMOND seront nommés à leur place. Ils n’y resteront pas très longtemps car le 9 novembre 1797, l’administration, considérée comme trop modérée est suspendue. M. COSTE est remplacé par Jean Pierre BOUCHE, l’un des plus infâme Robespierristes de l’ancien Comité de Surveillance et autres comparses. Fort heureusement, ils prônent cette fois la paix, la tranquillité et le respect aux personnes ! Jean François MURET aura même le droit en 1798, après avoir été dénoncé par ces anciens membres de la Terreur, a un passeport[24] lui permettant d’aller dans les départements voisins !

Achats de terrains (1799-1814)

Le 24 vendémiaire an VIII (16 octobre 1799), Esprite Rose MURET et son mari Jean Jacques BERAUD de Cairanne par devant Maître Esprit Joseph BON, notaire à Cairanne, vendent à leur neveu Jean François MURET, un terrain de 4 émines au quartier du Grand Roard à Camaret[25]. Elle a acquis ce terrain lors du décès de son père en 1766. Jean François MURET est intéressé par ce terrain car il est situé entre deux terrains qu’il possède déjà et il est actuellement complanté de vignes. Il l’achète pour 300 livres qu’il donne directement en liquide à sa tante. Pour mémoire, cette tante avait porté plainte contre ses frères et sœurs pour obtenir sa dot pour la valeur de … 300 livres, serait-ce ce terrain ?

Le 15 brumaire an IX (6 novembre 1800), devant Maître BESSET, notaire à Orange, Jean François MURET achète une terre au quartier du Grand Roard à Camaret[26] à Dominique MORENAS qui a hérité de Pierre MORENAS, son père. Jean François MURET possédait cette terre depuis 5 ans mais seul un accord verbal avait été donné. Il s’agit d’un terrain linéaire de 5 mètres sur 540 mètres qui borde à l’est et à l’ouest un terrain que possède déjà Jean François MURET et où se situe un potager et un bâtiment contenant du matériel agricole. La vente se fait à la condition que Jean François MURET déracine les arbres trop proches des limites du terrain et contre la somme de 72 francs qu’il règle en liquide au moment de la signature de l’acte.

Le 10 nivôse an XII (1er janvier 1804), le tuteur et la mère des enfants de Jean François GOUDAREAU vendent aux enchères deux terrains issus de leur héritage[27]. Jean François MURET sera le plus grand enchérisseur et passera contrat devant Maître Jean Henry d’HUGUES, notaire de Camaret le 15 janvier pour les obtenir. Il s’agit premièrement d’un terrain de 10 perches et 22 m (environ 350 m²) et deuxièmement d’un terrain de 26 perches et 33 mètres (environ 800 m²) tous les deux situés au quartier de Chamfort à Camaret et mitoyens de terrains appartenant déjà à Jean François MURET. Il expédiera 373 francs aux héritiers GOUDAREAU.

Les 27 mars et 9 juillet 1814, Jean François MURET, Jean Louis DIANOUX, Frédéric GOUDAREAU et Antoine REYNE achètent conjointement un premier terrain à Esprit Joseph ROURE de Jonquières[28] et un second terrain aux héritiers de Pierre PELISSE et Hélène MIEL de la même ville[29]. Les contrats sont faits devant Maître Joseph Barthélémy MONNIER, notaire à Jonquières. Le 1er terrain de 140 m² est fait pour le labour et est situé dans le quartier de Saint-Tronquet à Camaret. Il est facilement accessible par deux chemins. Le 2nd terrain est également labourable et borde un fossé d’arrosage. Il fait 210 m². Ils paieront directement 225 francs et 140 francs à Barthélémy MONNIER et Charles PELISSE. A noter que le premier terrain est sujet à une vente à réméré de 5 ans, c’est-à-dire que le vendeur reste propriétaire pendant les 5 ans et qu’il peut racheter son terrain pendant ce temps, ce qu’il n’a, semble-t-il, pas fait.

 

Implication dans la vie du village (1803-1822)

Le 1er messidor an 8, Jean François MURET et Pierre IMPERAIRE sont nommés pour faire le dénombrement des habitants de Camaret[30]. Le préfet demande d’accélérer ce recensement pour pouvoir calculer les futurs impôts plus rapidement.  Le 10 fructidor an 8, « l’assemblée (des citoyens) auroit désigné le citoyen Jean François MURET pour remplir les fonctions de président » afin de constituer la Garde Nationale de Camaret ; « et pour scrutateurs les citoyens Joseph Philippe JONC, Jean Louis DIANOUX et Pierre MOREL et pour secrétaire le citoyen Joseph DUPOUX comme étant un des plus jeunes et en état d’occuper ladite place et de suite le président les auroient invités à prendre place au bureau ». Les citoyens votants devaient élire les capitaines, lieutenants, sous-lieutenants, sergent-major, sergents et caporaux des trois pelotons de la Garde Nationale.

Jean François MURET sera encore plus souvent sollicité par la commune à partir de 1803[31]. Il sera dans un premier temps nommé le 13 floréal an XI (3 mai 1803) répartiteur des contributions de l’an XII avec Jean Louis DIANOUX, Michel André TARAVEAU, Joseph BISCARRAT de Travaillan et le fils BARBE d’Orange. Leur rôle était de répartir les taxes relatives aux propriétés foncières, aux revenus, et aux portes et fenêtres donnant sur l’extérieur. Le calcul de cet impôt était calculé en amont à partir des dénombrements de population et des matrices « cadastrales » et les répartiteurs des contributions répartissaient les impôts entre les contribuables. Cette fonction impliquait un maniement parfait de l’arithmétique et seuls les citoyens instruits pouvaient l’exercer.

Le 4 mai 1808, Jean François MURET est nommé nouveau conseiller municipal avec François Mathieu LAMBERT pour remplacer MM. BOUCHE et TARAVEAU qui prennent les fonctions de maire et adjoint. Ils prêteront le serment de fidélité à l’Empereur Napoléon BONAPARTE.

Parmi ses tâches de conseiller, il devra par exemple faire un rapport sur les terres qui menacent d’être inondées par l’Aygues au niveau du quartier de la Dame. Il exercera cette fonction de conseiller jusqu’en 1815 où il sera à nouveau nommé conseiller municipal et où cette fois il prononcera, plus en adéquation avec ses idées politiques, le serment : « Je jure fidélité au Roi et obéissance aux lois du Royaume ». En 1816, le Sous-Préfet autorisera même le Conseil Municipal de Camaret à s’exprimer (enfin) librement sur la décapitation du Roi Louis XVI à la Révolution : « il résulte que le Conseil Municipal est autorisé à se réunir pour exprimer ses sentiments sur l’horrible assassinat commis sur la personne de Louis XVI et de la Reine Marie Antoinette d’Autriche », il est convenu « qu’aucun habitans de la commune de Camaret ne s’est rendu coupable des crimes qui ont enlevé à la France le plus juste des Rois et sa plus vertueuse des Reines ». Il sera conseiller municipal jusqu’à son décès en 1822.

Enfin, le 26 avril 1815, le Ministre de l’Intérieur nommera M. MURET, administrateur de l’Hôpital-Hospice de Camaret pour une année[32]. Que de responsabilités !

Il sera impliqué dans la vie communale jusqu’en 1822, année de son décès. C’est son fils François Simon MURET, 35 ans, qui reprendra le flambeau en 1823 et intègrera le conseil municipal pour représenter l’une des familles les plus imposables de Camaret.

Mariage de Jean François MURET - Marie Françoise FEBRIER (1819)

Après plusieurs années où il est resté veuf, Jean François MURET rencontre Marie Françoise FEBRIER et décide de se marier avec elle. Il a 54 ans, elle, également veuve, a 40 ans. Le 7 mars 1819, la publication de leur mariage est faite sur la porte de la Maison Commune de Camaret. Ils obtiennent dispense par le Procureur du Roi du Tribunal de Première Instance d’Orange de la seconde dispense deux jours plus tard. Le 15 mars 1819, Jean François MURET se marie avec Marie Françoise FEBRIER à Camaret. Ses parents et aïeuls sont décédés. Marie Françoise FEBRIER est la fille d’Alexandre FEBRIER et Marie Thérèse FABRE.

( A poursuivre )



[1] AD26 1 Mi 529/R1 p.45

[2] AD84 3E23 160 f°174

[3] AD84 3E23 160 f°190

[4] LATOUR

[5] Il est le père de notre ancêtre Marie Thérèse DIANOUX dont on parlera au chapitre suivant.

[6] AD84 8 L 80 pp. 185-195

[7] AD84 8 L 80 pp. 196-199

[8] AD84 8 L 80

[9] AD84 E DEPOT CAMARET VRAC / D Liasse 33-34

[10] LATOUR

[11] LATOUR

[12] AD84 6 L 88 pp. 2-3

[13] AD84 E DEPOT CAMARET VRAC / H Recensement 1798-1830

[14] AD84 6 L 90 p. 2

[15] AD84 6 L 93 pp. 54-55

[16] AD84 6 L 94 pp. 14-

[17] AD84 6 L 94

[18] AD84 6 L 94 pp. 2-3

[19] Registre des décès de l’an IV, Orange, acte n°31

[20] AD84 E DEPOT CAMARET VRAC / 1 D 1

[21] LATOUR

[22] AD84 E DEPOT CAMARET VRAC / D Liasse 19

[23] AD84 E DEPOT CAMARET VRAC / D Liasse 31

[24] AD84 E DEPOT CAMARET VRAC / D Liasse 35-37

[25] AD84 23 Q 685 acte 65

[26] AD84 23 Q 695 acte 247

[27] AD84 23 Q 695 acte 115

[28] AD84 23 Q 735 acte 30

[29] AD84 23 Q 735 acte 31

[30] AD84 E DEPOT CAMARET VRAC / 1D2 (photo 42 puis 55)

[31] AD84 E DEPOT CAMARET VRAC / 1D2 (photo 71)

[32] AD84 E DEPOT CAMARET VRAC / 1D2 (photo 99)

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